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Le gin se porte bien 

Rapide coup de projecteur sur une boisson toujours à la mode! 

Doté d'une saveur singulière, souvent celle d'un alcool très sec, le gin ordinaire se boit rarement pur. C'est la raison pour laquelle on le retrouve surtout dans la composition de nombreux cocktails. Mais d'où provient véritablement le charme indémodable de ce breuvage toujours stylé?Comme pour de nombreuses bières du Plat Pays de Brel, ce sont des moines (bénédictins), et des alchimistes, qui vont contribuer à donner au gin ses vraies lettres de noblesse, et ce, dans le sud de l’Italie, mais également dans les anciennes Provinces-Unies des Flandres et des Pays-Bas, alors encore sous le joug espagnol.Une évolution à travers l'histoirePrincipal concurrent du whisky lors de la conquête de l’Ouest américain, le gin voit officiellement le jour vers la fin du 16e siècle, à titre de liqueur médicinale, composée d’alcool éthylique d’origine agricole aromatisé. Son utilisation se limite alors au traitement de certains problèmes médicaux tels que les affections rénales, le lumbago, les troubles gastriques, les calculs biliaires, voire la goutte.Et c’est au milieu du 17e siècle que de nombreux distillateurs hollandais et flamands vont populariser la redistillation de l'alcool d'orge malté ou du vin de malt avec du genièvre, de l'anis, du carvi, et de la coriandre, entre autres.Devenu petit et à petit un objet de commerce très prisé dans l’industrie des spiritueux, la boisson à base de genièvre (dont elle tirera plus tard son nom) va se répandre partout au Royaume-Uni après la «Glorieuse Révolution» de 1688 menée par le célèbre Guillaume III d’Orange, devenu dès lors le nouveau souverain local.

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Le gin tire son nom du genévrier, et son arôme de ses baies. Photo: Shutterstock

Une véritable boisson nationale

Les restrictions de l'époque touchant les importations d’eau-devie provenant de France, en particulier par le biais de lourdes taxes, la popularité du gin va croître de facto en tant qu'alternative au brandy.

Cela va progressivement donner lieu à la création d’un marché parallèle plus important, assurant de nouveaux débouchés pour l'orge de mauvaise qualité, impropre au brassage de la bière, mais au demeurant encore très utile dans la fabrication du gin.

Le gin va aussi s’avérer un allié de poids pour la prévention contre le paludisme dans les colonies britanniques. C'est son arôme qui va notamment servir à pallier l’amertume prononcée de la quinine. Celle-ci, une fois dissoute dans de l'eau gazeuse, va alors constituer une sorte d’eau tonique dont résultera ultérieurement le fameux cocktail «Gin & Tonic».

Un succès toujours d’actualité

De nos jours, le gin est produit de différentes manières, et intègre un large éventail d'ingrédients à base de plantes, d'épices, de fleurs ou de fruits, ou en les combinant. D’où la multitude de styles et de marques bien distinctes. On retrouve le gin surtout dans la composition de nombreux mélanges et autres cocktails de renom, lorsqu’il n'est pas tout simplement commercialisé dans une version préalablement aromatisée.

En outre, malgré une évolution constante mais relativement éparse, le gin peut encore être différencié en quatre catégories principales au sein de l'Union européenne, à savoir: les spiritueux aromatisés au genièvre, le gin, le gin distillé, et le gin de Londres.

Du reste, ce premier quart de 21e siècle est synonyme d’avènement des temps modernes pour cette boisson qui semble connaître une nouvelle ascension à l’échelle planétaire via une kyrielle de nouvelles marques, et de producteurs qui investissent la discipline, et attestent d'une innovation régulière et d’une mutation certaine.

On en veut pour preuve la pléthore de liqueurs à base de gin nouvellement popularisées, et outrepassant les limites des marchés réservés aux buveurs et aux connaisseurs de gin traditionnels.

En termes de production, les Pays-Bas et l'Angleterre forment toujours le duo de tête, loin devant la Belgique, la France, le Canada, l’Écosse, l’Irlande, le Luxembourg, l’Allemagne, les États-Unis, l’Italie, la Suisse ou encore les Baléares.

Pour les curieux, il existe des musées nationaux du genièvre situés à Hasselt, en Belgique, et à Schiedam, aux Pays-Bas. Dominique Coutant