Ellen Mac Arthur aux commandes
Qui parle d'économie circulaire, finira bien par parler d’Ellen Mac Arthur. Elle a connu la gloire en tant que navigatrice et détentrice d’un solide palmarès dans le monde de la voile. Vainqueur de la route de Rhum, deuxième du Vendée Globe, record du tour du monde, elle s’est lancée depuis 2010 dans la promotion du concept de l’économie circulaire et reste une référence en la matière. Ainsi, elle prône une approche basée sur trois principes. Tout d’abord, ce qui semble évident, c’est d’éviter les déchets et la pollution.
Ensuite, et là les choses commencent à être un peu plus compliquées, elle insiste sur la réutilisation des produits et des matériaux. Finalement, le troisième principe parle de régénérer la nature. Il s’agit d’abandonner le linéaire «take-makewaste» au profit d’une production régénérative.
La construction en point de mire
Il importe de séparer deux aspects bien différents dans la discussion autour du sujet de la durabilité. Le cycle dit «technologique» couvre les produits, les composants et les matériaux, l’objectif étant de renvoyer ceux-ci dans le cycle après utilisation. Un des secteurs économiques les plus en vue pour adopter une approche circulaire est sans aucun doute le secteur de la construction. On estime qu’à lui seul, il consomme la moitié des ressources et produit 60 pour cent des déchets. Autant dire que le potentiel d’amélioration est notable. Un bel exemple de la nouvelle façon de faire les choses s’offre à l’observateur sur le vaste chantier au centre de la ville de Mersch. La démolition de l’ancien site de l’Agrocenter avec ses silos à grains emblématiques a donné lieu à un tri minutieux des matériaux sur place pour les réutiliser lors de la construction du futur quartier d’habitation. Ainsi ce sont des centaines de tonnes de matériaux qui vont être réutilisées. L’avantage est multiple. Tout d’abord on n’aura pas besoin d’avoir recours à de nouveaux matériaux puisqu’ils sont déjà disponibles. De plus, et cela représente un avantage non négligeable, on évite de devoir déposer les anciens sur des décharges qui, de toute façon, font défaut. Par effet corollaire, nul besoin de faire circuler une armada de camions bennes pour transporter tout le matériau depuis le chantier vers la décharge et, le moment venu, de les faire rouler de nouveau avec les nouvelles matières depuis leur lieu d’origine vers le chantier. Avec un exemple comme celui-ci, on se rend compte de tout le potentiel que cette nouvelle forme de concevoir les choses peut renfermer. Et pour clôturer le tout, les riverains se réjouiront de ne pas voir des centaines de poids lourds faire leurs allers-retours incessants.
Réparer au lieu de jeter
On le voit, les avantages sont nombreux. Quant à l’industrie et la fabrication des objets de consommation, elle pourra contribuer en assimilant la mise au point de leurs produits à une réflexion circulaire. Fini les engins et machines irréparables, et donc jetables, place à la nouvelle génération pensée et développée pour une réutilisation et pour des cycles de vie répétitifs. Le cycle dit «biologique» couvre les aliments et d'autres matières organiques. Il a pour objectif de restituer ces matières au sol en vue de régénérer la terre, de protéger les écosystèmes et de créer de nouvelles opportunités, comme par exemple l’énergie issue de la biomasse. Non seulement l’agriculture mais également l’industrie du bois ont leur mot à dire dans une approche plus durable de l’utilisation des matières premières naturelles.
Il ne faut cependant pas oublier que le cercle de toute matière n’est pas infini. Ainsi, un plastique n’est pas recyclable à l’infini et il finira à un moment ou un autre son cycle de vie. De même, l’énergie nécessaire pour donner une nouvelle vie aux différents éléments limite également l’utilité du processus. Ainsi, l’économie circulaire ne pourra jamais être un cycle fermé, mais sera toujours un objectif pour essayer de fermer la boucle, et à éviter ainsi le gaspillage. Frank Weyrich