«Tout chantier débutera par la définition des souhaits via un cahier des charges.»
Chaud devant, chaud dedans
Amandine Maroteaux ne transige ni ne plaisante quand on évoque le dossier des rénovations intérieures ou extérieures. « Les questions à se poser au préalable de tout chantier sont de plusieurs ordres. D’un point de vue administratif, il convient de se renseigner sur les prescriptions du PAP et du PAG. Peut-on agrandir, mettre des lucarnes, etc ? S’il s’agit d’une maison, la parcelle a-telle fait l’objet d’un mesurage ?
A défaut, il faut faire appel à un géomètre assermenté ou au service du cadastre (démarche plus longue mais plus économique). Dans le cadre d’un secteur protégé, il convient de contacter les sites et monuments pour s’informer des éléments à préserver obligatoirement (façades, serrureries et, en intérieur, portes, fenêtres en bois, staff ou moulures, parquets anciens – qui peuvent du reste bénéficier de soutiens financiers des sites et monuments en cas de restauration -). Dans le même ordre d’idées, il est important de s’attacher l’expertise d’un conseiller en énergie pour l’amélioration de l’enveloppe thermique.
Laisser faire l’architecte
Au début d’un chantier, il faut rapidement aménager des rendez-vous construits et productifs avec un architecte et/ou architecte d’intérieur afin d’évaluer techniquement ou artistiquement la charge de travail selon le projet clairement défini. Amandine Maroteaux sourit : « En tant que particulier, êtes-vous prêt à collaborer pour tirer le meilleur parti de votre investissement? C’est le moment de se poser ce type de questions ».
De fait, dans le cas, par exemple, d’une transformation de bureau en appartement familial, la tâche est ardue et nécessite un modus operandi rigoureux. Et dans le cadre de biens rénovés en bureaux dans une copropriété, le règlement de copropriété comme les règles d’urbanisme sont à étudier scrupuleusement. Autre exemple de souci dont il faut se prémunir ? Dès que l’on touche aux parties communes, l’accord de la copropriété est incontournable.
Autre question à se poser, celle du capacitaire : combien de personnes peut-on mettre dans un espace ? Si vous l’ignorez, votre architecte et/ou un bureau d’étude sauront vous renseigner et s’atteler aux éventuelles procédures administratives. La constitution d’un dossier de permis de construire ou autorisation de bâtir est le plus souvent élaborée puis déposée par un architecte. La commune a trois mois pour l’examiner à réception du dossier. Concernant la déclaration de travaux, une demande doit être déposée 15 jours avant le début du chantier. Au Luxembourg, il faut quasiment toujours un permis sauf pour de la rénovation légère (sans point d’eau, par exemple).
Les différentes étapes de la rénovation
Toute entreprise débutera par la définition des souhaits via un cahier des charges. Dans le cas de locaux d’entreprise, par exemple, il conviendra d’étudier les prévisions de mode de vie et de travail pour bureaux, en présentiel/distanciel, la typologie des taches réalisées et la fréquence, par exemple, des boards en présentiel ceci afin d’anticiper au mieux la planification des espaces à transformer.
« Aujourd’hui, les bureaux sont plus identitaires, poursuit Amandine Maroteaux. Le bureau devient de plus en plus un lieu de vie et de réception, la culture d’entreprise n’est plus un vain concept. Les dirigeants reviennent avec enthousiasme au bureau, en revanche les études montrent que les collaborateurs sont plus inquiets et doivent être rassurés sur l’endroit où ils travaillent, celui-là même devant être très confortable. On est tout le temps au téléphone, l’acoustique doit être impeccable. Il faut planifier drastiquement le projet de bout en bout car il est difficile de réparer les erreurs, une fois une construction terminée. Plus celui-ci est précis, plus tout est prévisible », martèle la fondatrice d’Atelier Compostelle.
A vous de travailler en amont
Le mieux est d’avoir fait tous les choix au préalable. Aujourd’hui, on n’a plus les ressources (matériaux) pour tenir, la préparation est donc essentielle pour ne pas prendre encore plus de retard que ce qu’engendre la pénurie de matières. En tant que particulier, il ne faut pas hésiter à faire appel aux entreprises très tôt dans le processus, aussi sommaire soit-il. Et force est de constater que concernant les visites techniques, les bons professionnels sont pris d’assaut.
Chez Atelier Compostelle, nous travaillons en noir et blanc sur le plan du projet. Tous les aspects fonctionnels sont passés en revue avant d’engager la moindre conception esthétique.
Avec le particulier, afin d’amener le vocable des modes de vies et d’accompagner la réflexion sur le fonctionnement des espaces, nous étudions des images et créons des mood board composé d’images utiles pour savoir de quoi l’on parle, si on s’est bien compris, si on parle bien le même langage technique et artistique. Par exemple, si le concept défini est un intérieur en contraste fait d’espaces de vie partagés et d’espaces de travails plus privés bien distincts, on va ainsi gagner du temps à s’être compris en amont et ainsi pouvoir rester dans le cadre et gagner un temps précieux. Au client de se demander avec notre appui et nos propositions quelle est sa démarche, l’identité qu’il veut donner au lieu.
Etape suivante, l’avant-projet détaillé
« Ici, on monte en volume. On parle du plan électrique et de la typologie de l’éclairage. Cela implique de déjà anticiper son choix de cuisine et de menuiserie pour des branchements électriques au cordeau. Il faut dire que la cuisine est la pièce qui regroupe toutes les techniques puisque combinant plomberie, menuiserie, électricité, chauffage et l’utilisation de force matériaux. On travaille du reste en 3D et le calepinage (entendez la technique qui se traduit par la mise en place d’un plan ou croquis permettant au carreleur professionnel et/ou maître d’œuvre d’avoir une image du résultat attendu afin de bien préparer la pose finale) est une étape hautement précise mais nécessaire.
Les décorateurs et architectes dessinent les coupes et élévations, toutes ces précisions qui aident à la rédaction des devis et aux choix à effectuer. »
Moteur !
En rénovation, le maître d’ouvrage, l’architecte et même le client, doivent être moteurs du projet. La clarté de la communication est essentielle et les échanges permanents entre le propriétaire et les prestataires tout au long du chantier.
En tant que particulier, il ne faut surtout pas hésiter à demander des clarifications sur tel ou tel point, les modus operandi des métiers d’art étant méconnus du grand public. Il est tout de même à souligner, comme le précise Amandine Maroteaux, qu’un projet est une occasion unique de rencontrer des artisans et permet le luxe d’avoir une ouverture sur un atelier, un savoir-faire, un métier d’art tel que plumassier, ébeniste, serrurier…
En bref
- La question la plus importante à se poser : Comment ai-je envie de vivre et/ou de travailler dans cet espace ? Ne pas succomber à une mode (ex : l’open space, la cuisine ouverte) si cela ne nous ressemble pas.
- La réception de chantier est importantissime. Il faut toujours émettre des réserves si certaines exécutions ne correspondant pas au cahier des charges ou règles de l’art, mais évidemment mieux vaut échanger tout au long du chantier pour que la réception soit le bouquet final où chacun apprécie le chemin parcouru ensemble.
- Le délai de garantie commence à la réception du chantier.
- Demander une mise à jour mensuelle de la balance financière : pour vous assurer un maximum de sérénité, le budget de vos travaux doit vous être communiqué sur une base régulière. Vous pouvez ainsi questionner, comprendre, et donner vos validations.
- Toute prestation qui n’a pas été signalée au préalable et accepte par le client ne peut pas être facturée au client. Recevoir l’accord des maitres d’ouvrage pour l’entreprise, et pour le client donner son accord expressément est essentiel au déroulement fluide d’un chantier. Aucune partie ne doit être mise « devant le fait accompli ».
Conseil bonus :
Idéalement, le plan de début de chantier doit être signé par tous les protagonistes mais dans les faits, cela est très difficile à obtenir. Néanmoins, un compte-rendu de réunion devrait être fait après chaque rencontre. En cas d’incompréhension ou litige, c’est un atout. Ajoutons que le texte en pièce jointe a plus de valeur que s’il est dans le corps du mail. Alix Bellac