La tradition veut qu’à la mi-carême, l’homme l’offre à sa bienaimée comme gage de ses sentiments. Si les sentiments sont réciproques, il se verra remettre un oeuf à Pâques. Dans le cas contraire, il se voit remettre un panier vide, d'où l’expression luxembourgeoise «De Kuerf kréien», qui se traduit par «recevoir un panier» et signifie qu'on a été largué. Dans les années bissextiles, la tradition est inversée et c’est la femme qui offre le bretzel.
Le «Brezelsonndeg», devenu une tradition purement luxembourgeoise, sert principalement de prétexte aux plus gourmands pour déguster cette délicieuse pâtisserie. Dans les boulangeries et pâtisseries elle y est, pour l’occasion, souvent mise à l’honneur! Il y a encore quelques années, avant cette maudite pandémie, un cortège, composé notamment des boulangers-pâtissiers du pays et de la Reine du bretzel, sillonnait même les rues de Luxembourg-Ville en distribuant gratuitement des bretzels.
L’origine
Au départ, cette pâtisserie en forme de noeud ou de bras entrelacés, était recouverte d'éclats de gros sel. Souvent représentés sur les enseignes des boulangeries, les bretzels étaient des symboles traditionnels de la culture germanique. Son origine est assez floue, mais la plus courante serait que le bretzel aurait été inventé par un moine qui se serait inspiré des bras croisés de ses condisciples pour créer ce pain avec les restes de pâte. Son nom viendrait du latin «brachitella » qui fait référence à cette posture de bras croisés.
Une autre légende, alsacienne celle-là, voudrait qu’un boulanger de la cour qui aurait ait mal cuit son pain et aurait été jeté au cachot, ai obtenu une dernière chance. Le roi lui demanda un pain «au travers duquel le soleil brillerait trois fois». Le boulanger voyant sa femme prier à genoux pour lui, les bras posés sur sa poitrine en forme de croix eut l’idée de croiser les deux extrémités d'un ruban de pâte, pour reproduire la posture que celle-ci avait adopté. Le pain obtenu avait ainsi trois trous, à travers lesquels le Soleil pouvait briller trois fois, comme l'exigeait le roi.
Le fait de badigeonner les bretzels de bicarbonate de soude avant de les faire cuire au four serait également le fruit du hasard. Cette méthode permet que le bretzel devienne brunâtre et croustillant.
Formes et noms
Aujourd’hui les bretzels sont déclinés dans de nombreuses variantes. Sucrés, salés, sous forme de petits pains (Suisse), en version allongée et plus courte nommée «Mauricette» en Alsace où encore sous forme de Bagel. Aux Etats-Unis vous le retrouverez sous la désignation de Pretzel, où introduit par la population germanique, il a perdu son B pour un P et fait le bonheur des vendeurs ambulants new-yorkais.
En tout cas, le vrai bretzel n’a rien à voir avec ce petit truc tout sec qu'on achète en grande surface, par boîte de 100, pour accompagner l'apéritif. Le vrai, le seul est une gourmandise qui se mange à toute heure. En forme de huit couché, il s’agit d’une sorte de brioche salée dont la partie épaisse doit être moelleuse en bouche et les parties les plus fines doivent craquer sous la dent.
Composé de farine, d’eau, de beurre, de levure de boulanger et de sel, on le fait d'abord pocher à l'eau additionnée de bicarbonate de sodium, puis on le saupoudre de gros sel avant la cuisson au four. Pour bien l’apprécier, il devrait être mangé le jour de sa fabrication.
Alors ce dimanche, optez pour un bretzel acheté chez votre boulanger-pâtissier traditionnel. Qu’il soit conventionnel ou moins traditionnel, feuilleté recouvert d’une couche d’amandes, fourré au chocolat ou à la praline ou encore moelleux au sucre et à la cannelle, appréciez et dégustez cette délicieuse pâtisserie. Et si vous n’êtes pas seul, peut-être qu’en retour, à Pâques, vous recevrez un bel oeuf! Carlos de Jesus