La lutte universelle en faveur de la protection de l'environnement - et de la préservation de celui-ci - gagne de plus en plus de terrain jour après jour, et c'est tant mieux pour l'Homme, mais aussi pour la faune et la flore de l'écosystème qui l'entoure.

Cela étant dit, quand bien même moult solutions «gagnant-gagnant» auraient déjà fait leurs preuves en la matière à ce jour, il n’en demeure pas moins légitime de s’interroger sur les aléas potentiels d’un itinéraire encore long et semé d’embûches…

La quête d’une bonne conscience collective

Le tri de nos ordures domestiques et industrielles préalablement à un recyclage de masse – partiel ou total le cas échéant – paraît désormais une norme entérinée et acquise pour quiconque entend évoluer plus ou moins confortablement dans nos contrées occidentales bien loties.

Et ce, même si ce phénomène résulte ostensiblement d’une surconsommation structurelle, ellemême provoquée par une surproduction systémique qui prévaut depuis plus d’un demi-siècle dans les sociétés des pays les plus développés ayant notamment pris le bon train en marche au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Or, parallèlement à cette course effrénée au consommable, devenu accessoirement renouvelable, la décroissance tend à poindre dans l’esprit de certains citoyens du monde, de plus en plus alertes face à l’urgence environnementale de ce début de XXIe siècle. À vrai dire, ce style de vie (pas forcément nouveau, mais ô combien teinté d’humanisme, de réalisme et de tradition) résonne selon les principes élémentaires de la sauvegarde des ressources naturelles.

Ainsi, grâce à la promotion d’un ralentissement délibéré de la production de richesses et d’un échange accru de ce qui existe déjà, des biens trop souvent considérés comme obsolètes ou surannés à une époque où le progrès et la technologie font rage, peuvent encore satisfaire quotidiennement une large partie de la population dans le besoin.

Et même si, entre ces deux voies qui mènent à la rédemption sociétale et au renouveau de notre cadre de vie, le bon cœur de tous ces «M’sieurs Dames» balance, ce doux débat pourrait sembler dérisoire, voire surfait (pour ne pas dire parfois indécent) pour une majorité silencieuse, en l’occurrence celle constituée par des centaines de millions d’habitants de pays dits «pauvres» ou d’autres en voie de développement, et dont la priorité a toujours été et reste encore actuellement la survie au jour le jour dans la décence et la dignité…

Un plastique toujours autant prolifique

Selon une étude récente de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la production mondiale de plastiques n’a pas seulement presque doublé au cours des vingt dernières années, mais elle continue sa progression. En fait, une bonne moitié de ce matériau aussi pratique que nocif à long terme est encore destinée aux emballages; or, sur toute la quantité fabriquée à l’échelle du globe, à peine 10 % passe par le recyclage.

Le plus surprenant, c’est la consommation de plastiques au sein des pays riches qui continue sa marche en avant malgré un surcroît de mesures voyant régulièrement le jour dans le cadre de politiques environnementales de plus en plus intensives, voire contraignantes, mais essentielles si l’on souhaite enrayer ce mouvement dévastateur.

C’est donc une lutte de longue haleine et sans merci contre les bouteilles, les barquettes, les sacs, les tubes, les pailles et les touillettes, et autres gobelets, cotons tiges ou couverts à usage unique qui est d’ores et déjà engagée afin de freiner drastiquement la consommation de plastique à l’horizon 2050 dans l’ensemble des pays du G20.

Néanmoins, une inversion de la courbe tendancielle renvoie encore au domaine de l’utopie, car, au final, on ne pourrait que constater une nouvelle augmentation de la production de plastiques, ne serait-ce que d’environ 25 % par rapport au seuil comptabilisé il y a quatre ans.

Pour que chacun et chacune puissent se faire une idée, en termes de chiffres, cela équivaudrait peu ou prou à 325 millions de tonnes, soit un peu moins de 240 millions de camions poubelles bien remplis.

Un plan d’envergure planétaire s’impose dès lors pour éradiquer ce fléau malheureusement conditionné et inexorablement induit par nombre d’exigences économiques, culturelles et sociales de nos microcosmes ultra-modernes donnant de plus en plus la part belle au «prêt à l’usage» immédiat et jetable à souhait…

Éviter les causes superflues des effets indésirables

Des continents composés de déchets à base de matières plastiques flottent désormais sur les océans de notre belle Planète Bleue; plus précisément, ce ne sont pas moins de 200.000 tonnes de plastiques qui dérivent çà et là au gré des vents et des courants marins. Et si l’on voulait se faire peur (soyons fous!), on pourrait insister surle fait que près de neuf milliards de tonnes de plastiques ont été plus ou moins produites dans le monde au cours des 75 dernières années. Effrayant!

Or,rien que le fait de ne pas utiliser de plastique dans sous toutes ses formes que ce soit, aussi bien au niveau des emballages et d’ustensiles divers que des vêtements et des chaussures (contenant du polyester, par exemple) contribue à ne pas polluer, et donc a fortiori à dépolluer.

Dans cette optique, de plus en plus de gens concernés par la gravité de cet enjeu crucial prennent les choses en main au niveau individuel. Ces derniers optent notamment pour un mode de consommation durable et faiblement énergivore en amont de la chaîne de production. Ils parviennent ainsi à se démarquer en achetant certaines de leurs provisions en vrac, lorsqu’ils ne produisent pas eux-mêmes à la maison ce dont ils ont besoin (pain, confitures, glaces, plats préparés avec les récoltes du potager, etc.).

Repenser ses achats à la taille de son habitation et des membres qui composent un ménage, suivant la présence des uns et des autres en fonction de leurs activités professionnelles et récréatives inscrites au calendrier de la semaine ou du mois, rentre également en ligne de compte.

De plus en plus d’acteurs de la grande distribution et des commerces de proximité mettent également la main à la pâte en proposant des produits frais ou à conservation naturelle prolongée (fruits et légumes, graines oléagineuses, entre autres) en ne tablant que sur des emballages minimalistes et fabriqués dans une perspective durable (sachets en cellulose, biopolymère d’origine végétale, et filets en coton ou en lin, par exemple).

Un autre modus operandi consiste aussi à racheter d’occasion ou à échanger tout ce qui peut l’être. Le site d’achat en ligne Vinted en est la parfaite illustration. Outre son effet de mode, et la réputation qui précède souvent telle ou telle plateforme, son principe de base n’est ni plus ni moins qu’un moyen élémentaire et économique d’éviter au départ d’acheter du neuf, quand on peut acquérir un vêtement quasi sorti de l’usine (parmi d’autres beaucoup plus anciens) pour un prix dérisoire, faisant diminuer symboliquement – et de facto – la surconsommation, mais aussi la surproduction. Et il en va de même dans de nombreux secteurs de nos économies outrancières.

Plus de numérique au détriment de l’Afrique

Dans les années 80, le chanteur français David Koven chantait l’Afrique en vantant ses gazelles et son «plastique». De nos jours, ce continent, considéré comme le berceau de l’humanité, est perpétuellement souillé au nom de l’écologie bien «pansante» d’ailleurs, selon que l’on se trouve du mauvais côté de la barrière...

L’ampleur de la pollution et de la contamination provoquées par le recyclage sauvage des déchets plastiques contenant des composants électroniques issus de nos appareils numériques est devenue alarmante sur le continent, encore sans véritable défense face aux dangers de leur toxicité élevée.

On en veut pour preuve une nourriture devenue à risque dans des pays tels que le Cameroun, le Ghana, le Kenya et la Tanzanie, pour ne mentionner que ceux-là.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, bien que faiblement producteur de matières plastiques à l’échelle mondiale (7 %), l’Afrique souffre pourtant de l’acheminement sur son sol de déchets plastiques et électroniques que de nombreux pays dits «développés» expédient là-bas sans aucun scrupule pour un soi-disant retraitement local avec les moyens du bord.

Dans certaines localités, le plastique est juste brûlé et éliminé à l’emporte-pièce dans des décharges sauvages par des autochtones en quête de métaux plus ou moins précieux pouvant être revendus.

Cette pratique engendre naturellement des fumées chimiques aux odeurs pratiquement irrespirables, sans parler des cendres pleines de résidus toxiques qui s’infiltrent dans la terre et se répandent sur les sols sur lesquels viennent notamment picorer les poules. Résultat: des habitants qui en sont réduits à consommer des œufs avec des seuils de dioxine au demeurant encore inégalés, et avec les conséquences que cela implique pour la santé des populations environnantes.

Quand recycler devient plutôt redondant

De nos jours, le concept du recyclage répond fidèlement à l’énoncé du célèbre chimiste et scientifique français du XVIIIe siècle, Antoine Lavoisier, selon lequel «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme».

D’aucuns seraient tentés de penser que la réalité est tout autre et que, malgré le recyclage systématique d’innombrables déchets, il n’en reste pas moins qu’une déperdition de matière existe bel et bien du début à la fin de la chaîne, et ce, sans parler d’un gaspillage incontestable de ressources pour la totalité des produits retraités, en particulier au niveau de la consommation énergétique nécessaire à cet effet.

Et pour cause! Les trois principales phases contribuant à un recyclage efficace – mais laborieux – concernent en premier lieu la collecte des déchets, puis dans un deuxième temps la transformation de ceux-ci, et enfin le stockage et la redistribution des nouveaux produits sur le marché.

Il est évident que cela ne peut se réaliser qu’en disposant au préalable d’énormes moyens ou en consommant certaines énergies encore fossiles, voire en mettant à contribution bon nombre de véhicules, de machines et tout un tas de structures que requiert ce secteur d’activité.

Sans compter les contaminations accidentelles – mais souvent bien réelles – des fleuves, des rivières, des sols et de l’air alentours, lorsque vient l’étape ultime de la transformation.

Les conditions de travail et de production des usines de tri et de recyclage ne sont pas toujours exemplaires non plus dans les domaines sanitaire et humain. Par ailleurs, seulement moins de 2 % des plastiques recyclés le sont plus d’une fois.

Alors, dans ce cas, pourquoi ne pas tenter simplement de maximiser la longévité de chaque produit sagement imaginé, créé, assemblé, transporté, et vendu, au lieu de le jeter trop vite à la benne et d’en racheter un autre similaire ou légèrement amélioré, sans anticiper plus que ça?

À titre d’information, qu’on se le dise: il y a encore un peu plus d’une quinzaine d’années, 99 % des ressources prélevées dans la nature devenaient des déchets en moins de 42 jours. Constat aussi affligeant qu’affolant, purement et simplement! Mais, la situation s’est-elle foncièrement améliorée...?