Avant de pouvoir remplir un premier pot de miel issu de ses propres ruches, il faut généralement bien plus que de la chance - et pas que celle du débutant-pour prétendre vouloir vivre de l'apiculture, ne serait-ce que partiellement. Et pour ce faire, au Luxembourg comme ailleurs, il est préférable de se renseigner auprès des autorités et de se conformer à un modus operandi strict.
Au Grand-Duché du Luxembourg, la plupart des apiculteurs écoresponsables s'opposent fermement à la culture de plantes transgéniques. À ce titre, ils ont d'ailleurs rejoint l'initiative "Zones sans OGM au Luxembourg".
En outre, l'État propose aux apiculteurs locaux des aides financières notoires permettant de couvrir les frais de ces derniers en cas d'utilisation de traitements exempts de tout pesticide. Cela étant dit, de nombreux paramètres restent encore à prendre en compte avant de se lancer à corps perdu dans un élevage d'abeilles.
De la réglementation au Grand-Duché
Pour celles et ceux qui envisagent d'installer des ruches dans des coins faisant partie intégrante d'une agglomération au GrandDuché, certaines conditions ont été soigneusement établies et listées sur le site gouvernemental luxembourgeois en ligne "guichet.public.lu".
Ces informations font notamment référence aux fondamentaux à respecter impérativement dans le cadre de la profession d'apiculteur. Ainsi, l'accent est mis sur le fait qu'une ruche doit être fabriquée et maintenue en état conformément aux normes exigées par la pratique.
Des instructions en matière de prévention contre la pollution et de préservation de l'écosystème alentour (évacuations des eaux usées et utilisation de produits divers) figurent également sur le site.
La liste de consignes à prendre en considération dans lechamp d'activité du métier d'apiculteur intègre par ailleurs un certain nombre de mesures mettant en garde contre les risques de nuisances dites "anormales" envers le voisinage direct.
Il importe donc de bien prendre en compte les emplacements des ruches (en fonction du vol des abeilles), les distances minimales entre ces dernières et les premières habitations, les indications relatives à la localisation de ruchers en zones rurales via des panneaux de signalisation (plus particulièrement dans les bois), et naturellement de se protéger juridiquement par le biais d'une assurance en responsabilité civile.
Quant aux délais d'enregistrement, il est de rigueur de déclarer l'existence d'une installation et de son implantation bien avant sa mise en fonctionnement effective.
En plus des coordonnées et de l'identité du demandeur, celui-ci devra également préciser la dénomination de son exploitation, son potentiel de production, sans oublier sa taille et sa situation géo-graphique (avec, le cas échéant, un plan cadastral récent utile dans la vérification de l'emplacement des ruches - fixes ou de transhumances).
Dans ce domaine, le Luxembourg bénéficie de surcroît du rôle et du soutien de la Fédération des unions d'apiculteurs (FUAL) dont le siège est établi à Wormeldange-Haut.
Grâce à cet organisme, les personnes qui ambitionnent de se lancer dans l'apiculture peuvent bénéficier de nombreuses informations et recommandations utiles à la mise en place de leur projet d'exploitation apicole.
On y apprend, entre autres, que les ruchers et les colonies d'abeilles installés sur le sol luxembourgeois doivent être officiellement déclarés chaque année auprès de l'administration des services vétérinaires (ASV).
Pour ce faire, les apiculteurs reçoivent régulièrement chaque année les formulaires appropriés, une fois leur déclaration initiale ayant été enregistrée.
Les zones vertes et les agglomérations
Pour une installation de colonies d'abeilles en zone verte, il est nécessaire de se référer à la loi modifiée du 18 juillet 2018 relative à la protection de la nature et des ressources naturelles au Grand-Duché.
Ceci, sans oublier d'autres éléments d'information complémentaires disponibles sous les liens annexes figurant sur le site de la FUAL. Aux abords des communes, là encore, c'est la loi qui prime; et dans ce cadre, les ruchers doivent faire l'objet d'une déclaration unique auprès des autorités compétentes.
En outre, il convient de considérer les conditions standards de l'Inspection du Travail et des Mines (ITM-CL56-Installation et ex-ploitation de ruchers d'abeilles) si l'on veut installer des abeilles.
Ces conditions ont également été intégrées au règlement grand-ducal connexe aux établissements classés (sous la mention: installation de colonies d'abeilles dans les agglomérations des communes).
Des incentives qui tombent à pic
S'agissant des aides financières proposées par l'État, les apiculteurs installés au Grand-Duché ont la possibilité d'obtenir des soutiens dans le domaine, et ce, conformément à la loi qui prévaut pour l'agriculture.
Notamment par le truchement de l'article 25 de la loi relative au soutien et au développement durable des zones rurales dont l'adoption était initialement prévue entre l'année dernière et cette même année 2023.
En l'occurrence, ce texte stipule que toute personne qui élève des abeilles pour la production de miel bénéficie, à sa demande, d'une aide à l'investissement dans les conditions telles que la construction et la rénovation de bâtiments apicoles, à l'exception des travaux de réparation, ainsi que l'achat de tout nouvel équipement lié à la production et à la commercialisation du miel.
À ce sujet, les taux concernant cette aide peuvent également varier de 20 à 40 % des investissements suivant les situations propres aux futurs exploitants, avec un plafond de 200.000 euros par bénéficiaire, le tout moyennant un investissement minimum de 1.000 euros).
Par ailleurs, les investissements dans la construction et la rénovation de bâtiments doivent être réalisés sur des terrains dont le demandeur est propriétaire ou qu'il occupe en vertu d'un bail enregistré et retranscrit expirant au plus tôt quinze ans après la date de clôture de la procédure de sélection pour laquelle l'aide est sollicitée.
À noter que la FUAL sert également à s'informer à propos des séminaires ponctuels et des formations partielles ayant lieu tout au long de l'année au Grand-Duché, mais également hors des frontières, bien au-delà de la Grande Région.
Et juste pour marquer le coup
La Fédération des Unions d'Apiculteurs du Grand-Duché de Luxembourg dispose en outre de son propre journal, à savoir "Le Lëtzebuerger Beien-Zeitung" par le biais duquel l'ensemble des apiculteurs du pays peuvent se tenir au courant du développement de leur secteur.
Ce précieux support de communication de plus d'une trentaine de pages communique mensuellement sur la plupart des sujets ayant trait à l'apiculture, en particulier à ses techniques, au secteur agricole dans ses grandes lignes et à l'environnement, pour ne citer que ces domaines.
En supplément, chaque numéro contient un guide mensuel des travaux apicoles à effectuer au rucher, et susceptibles d'apporter une aide technique et ô combien utile aux débutants.
Paru pour la toute première fois en janvier 1886 (en marge de à la création de la Fédération nationaluxembourd'apiculture le geoise), sous l'égide de son premier rédacteur, et illustre apiculteur local, Jean-Baptiste Kellen, "Le Lëtzebuerger Beien-Zeitung" - qui célébrera l'année prochaine ses 135 années d'existence - est naturellement et logiquement disponible gratuitement pour les apiculteurs et les apicultrices déjà membres d'une société cantonale. Dominique Coutant