«Qu’il s’agisse de « petits » ateliers ou de grandes entreprises spécialisées, prenez votre temps pour bien choisir celle ou celui qui exécutera vos vitraux.»
C’est au Moyen Âge que la technique du vitrail s’est développée pour orner les baies des édifices religieux, technique ayant plusieurs vocations : participer à la luminosité intérieure, accentuer l’atmosphère singulière propice à la prière et à la méditation, mais aussi faire œuvre de pédagogie (les vitraux représentant, par exemple, des scènes bibliques ou retraçant la vie du Christ ou d’un saint). À l’époque médiévale, les pièces du vitrail sont assemblées avec des baguettes de plomb. Au fil des siècles, toutefois, de nouvelles techniques sont apparues : assemblage avec du cuivre, fixation des dalles de verres en les enchâssant dans du béton, utilisation de silicone ou, plus tard encore, adoption de technologies comme le thermoformage ou le fusing (assemblage de morceaux de verre collés à froid, puis portés dans un four à un point de fusion pour former une seule pièce homogène).
Un renouveau au XXe siècle
Pour autant, le principe demeure : assembler des pièces de verre de formes et de couleurs variées… Longtemps, cependant, les vitraux furent, pour l’essentiel, réservés aux églises ou autres bâtiments religieux. Puis, à compter de la seconde moitié du XXe siècle, cet art est redevenu en vogue. L’artiste Pierre Soulages lui-même, pourtant célèbre pour ses « noirs », a ainsi accepté de réaliser plus d’une centaine de vitraux pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, dans le sud-ouest de la France. Dans le même temps, des maîtres verriers se sont spécialisés dans la rénovation de vitraux ornant des maisons de maître datant des années 1900 (de style Art déco) et de nouvelles générations ont décliné cet art comme pouvant être un élément de décor particulièrement original dans des habitations contemporaines.
Le vitrail aujourd’hui
Que votre habitation (appartement ou maison) soit encore en projet, en chantier ou qu’elle soit déjà achevée, il n’est évidemment pas trop tard pour inclure un ou plusieurs vitraux dans votre réflexion et vos plans pour donner un charme singulier à votre intérieur.
À l’instar des vitraux religieux moyenâgeux, ceux d’aujourd’hui peuvent « occuper » plusieurs fonctions : ils participent, par exemple, à l’instauration d‘une atmosphère particulière dans une pièce, constituent, par ailleurs, un décor original, mais peuvent également mettre en valeur un autre élément d’intérieur (tableau ou autre œuvre d’art, le vitrail en étant déjà une en soi, cheminée, séjour cathédral possédant une grande hauteur sous plafond avec ou non charpente apparente…). Cependant, outre leur aspect décoratif, les vitraux peuvent se doubler d’une vocation utilitaire : et vous serez étonné par la variété des utilisations possibles…
Beaux… et très fonctionnels
Ainsi, en dehors de l’atmosphère et de la luminosité particulières qu’ils engendrent, les vitraux peuvent se révéler tout indiqués pour cacher avec élégance un vis-à-vis (dans une salle de bains, des toilettes, ou une pièce donnant sur un logement proche ou un passage public).
Dans une salle de bains, encore, ils peuvent se révéler en magnifiques parois afin de délimiter une « douche à l’italienne » ou l’espace dévolu au dressing ou à la buanderie. À noter, au demeurant, que certaines portes coulissantes adaptées à cet effet peuvent parfaitement supporter un vitrail.
Ce dernier usage peut être étendu à d’autres parties du logement, pour séparer deux espaces à la manière d’un paravent ou cloisonner une grande pièce : les vitraux délimiteront ainsi, de manière originale, la salle à manger du salon, le coin bureau de la bibliothèque.
Enfin, en conservant toujours leur spécificité (synonyme de luminosité singulière, d’objet tout à la fois utilitaire, artistique et décoratif), ils peuvent être utilisés comme de parfaites rambardes d’escaliers, s’imposant, dans le même temps, comme des puits de lumière sans pareil.
Oui, les vitraux sont donc aussi très fonctionnels dès lors qu’on ne les cantonne pas à un rôle purement décoratif… Et comble du raffinement, la nature même du vitrail permet d’en profiter, quel que soit le motif, que l’on soit à l’intérieur ou à l’extérieur du logement (s’il remplace une fenêtre) ou d’un côté ou de l’autre (s’il fait figure de paroi ou cloison).
Une atmosphère et une émotion uniques
Que leur motif soit figuratif ou abstrait, voire géométrique, qu’ils soient purement décoratifs ou, peu ou prou, utilitaires et fonctionnels, les vitraux – et c’est là leur atout premier par rapport à une fenêtre classique –, engendrent et procurent, d’abord et avant tout, une atmosphère et une émotion uniques. C’est tout simplement « la » signature d’une habitation, voire d’un autre lieu de vie que l’on souhaite personnaliser (un bureau, une salle d’attente, un local d’exposition).
Pour autant, si l’on peut toujours envisager de changer un vitrage ou son châssis (passer d’une grande baie encadrée par du PVC à de petits carreaux juxtaposés enserrés dans un cadre métal, par exemple) sans prendre de risque majeur sur le plan financier, le coût de réalisation des vitraux, même de surface réduite, oblige naturellement à engager une vraie réflexion au préalable et à être accompagné par des professionnels. C’est ainsi que les maîtres verriers proposent généralement de procéder par étapes : ils se rendent sur place (quand le logement existe déjà), ils dessinent et effectuent des croquis en répondant à vos souhaits, ils sont force de proposition… et, bien entendu, vous délivrent des devis qui tiennent compte de leur travail. À la fois créateurs et artisans, ils sont également à même de vous conseiller, évidemment.
Qui choisir et quel prix ?
Si ce savoir-faire s’est transmis au fil des siècles, si cet art a aussi évolué sur le plan technique comme celui de son utilisation, il n’en demeure pas moins qu’on ne trouve pas des maîtres verriers à tous les coins de rue. Qu’il s’agisse de « petits » ateliers ou de grandes entreprises spécialisées, notamment dans la réalisation de vitraux aux larges dimensions (à destination des monuments historiques), prenez votre temps pour choisir celui qui exécutera votre vitrail ou vos vitraux. Sachez aussi que certains sont spécialisés dans la rénovation : si vous souhaitez redonner de l’éclat à un vitrail déjà existant dans l’habitation que vous venez d’acquérir, un professionnel aguerri saura vous proposer ou de le restaurer à l’identique ou de lui donner une nouvelle vie en modifiant, peu ou prou, ses couleurs et motifs.
Une chose est sûre, création ou restauration (cette dernière nécessitant souvent un démontage, puis un remontage), les prix nécessitent de ne pas se lancer sans réfléchir (de 400 à 2.000 euros le mètre carré, hors frais annexes qu’il faut songer à ajouter dans les devis, comme les déplacements...). Emilie Di Vincenzo