Maritimes ou fluviales, les croisières étaient mal vues en termes de développement durable. Les compagnies réagi. Leurs efforts liés à la motorisation ont des bateaux ou à la gestion de l'énergie comme des déchets à bord rassurent une clientèle toujours plus soucieuse de la préservation de l'environnement.
Il fallait initier une révolution verte. Montrés du doigt en raison de leurs bateaux jugés trop énergivores et pollueurs, les croisiéristes ont réagi. De nouveaux navires plus « propres » ont été mis en chantier, certains parcourant déjà les mers, et à bord, des comportements plus responsables ont été adoptés. Le grand public y est d'ores et déjà sensible, constate David Lentz, product manager au sein de ULT Cruises : «Les familles avec enfants ont de plus en plus de questions concernant leur empreinte environnementale pendant une croisière. Ils veulent savoir en détail ce qui se passe à bord et si les promesses des compagnies sont vraiment mises en place ou s'il ne s'agit que d'un outil de marketing. Nous pouvons les rassurer les changements opérés des dernières années sont énormes. Les progrès vers untourisme «CO2-neutre» avec une énergie propre sont plus grands que dans tous les autres segments du secteur!>>
Cela étant, il convient aussi de retenir un chiffre «les bateaux de croisières ne représentent que 0,3 % de la flotte mondiale (cargos, pétroliers, porte-containers, etc.). Les compagnies de croisiè res, avec les chantiers navals, sont les seuls à investir pour parvenir à un transport en mer plus durable et plus propre. Et le reste du secteur en profite ensuite», remarque Patrick Wetter, Managing Director de la compagnie Luxcruises.
Un carburant plus éco-responsable
S'il n'est pas le plus visible pour la clientèle, le changement le plus spectaculaire se situe au niveau de la motorisation. Ainsi, plusieurs navires récemment sortis des chantiers utilisent désormais des propulsions alternatives comme le carburant du Gaz Naturel Liquéfié (GNL). Les chiffres sont sans appel le recours au GNL évite les émissions de dioxyde de soufre, réduit de 25% celles de dioxyde de carbone, de 85% celles des oxydes d'azote et de 95% celles des particules!
«Le nouveau navire de la compagnie MSC Cruises, World Europa, est un bon exemple de cette nouvelle génération», ex-plique David Lentz. «Non seulement il est propulsé au GNL, mais le design de la coque et des hélices a été optimisé pour réduire la résistance à l'eau et les bruits rayonnés marins», souligne le professionnel. D'autres compagnies ont effectué le même choix. Chez Costa Croisières, le Costa Smeralda et le Costa Toscana «carburent » au GNL et la compagnie française du Ponant, pour sa part, avec le Commandant Charcot, qui effectue des croisières vers les pôles, a recours à un moteur hybride (électricité et GNL).
Le fluvial n'est pas à la traîne. Les spécialistes de ce segment ont même «un rôle pionnier comme la compagnie A-Rosa. Son nouveau bateau, le Sena, possède un moteur hybride qui peut utiliser le réseau électrique dans les différents ports pour charger ses batteries. Le générateur de bord pour sa part produit de l'électricité à partir de la chaleur perdue. La compagnie travaille en liaison avec l'institution «Frauenhofer», en Allemagne, pour déployer à l'horizon 2030 une flotte à CO2 neutre».
Et cette mutation est inexorable «Nous allons observer toujours plus de changements vers une technologie moderne et durable. Les anciens bateaux de croisières, qui ne peuvent pas être mis à jour, vont aller à la casse...», prédit pour sa part Patrick Wetter.
Une nouvelle vie à bord
Les compagnies ont par ailleurs revu leur fonctionnement à bord, durant les croisières elles-mêmes. Pour reprendre l'exemple du Sena de la compagnie A-Rosa, «l'éclairage à base de LED et l'éclairage fluorescent sont à présent utilisés dans tout le navire», remarque David Lentz. Et quand il est à quai, le bateau est connecté au réseau local, évidemment.
Pour autant, la plus spectaculaire des mutations est liée à la réduction des déchets. La compagnie italienne Costa Croisières a ainsi adopté un programme de recyclage ou d'élimination dans des conditions les plus écologiques possibles. Papier, plastique, batteries, plomb, verre, céramiques, métal, ou encore résidus alimentaires, tout est trié et recyclé avant l'arrivée ou l'escale suivante... Et chez MSC Croisières, les nouveaux bateaux sont équipés d'incinérateurs, de broyeurs alimentaires, de compacteurs pour traiter déchets et eaux usées sans attendre la terre ferme... « Les déchets non-recyclables sont brulés à bord et l'énergie utilisée pour d'autres consommables », précise Patrick Wetter.
De plus, l'usage du plastique à usage unique est désormais banni à bord au profit du carton ou du verre. Quant à Quark Expeditions, son objectif est clairement affiché : le zéro déchet!
Enfin, puisqu'aucun domaine ne doit être oublié, cette «mutation verte» se traduit également au niveau des prestations et services «hôteliers». Au moment des repas, la majorité des croisiéristes propose désormais des cartes avec une part toujours plus importante de produits «bio» et il est fréquent que les chefs concoctent des menus végétariens voire vegan.
Quant aux personnels affectés au nettoyage, les compagnies leur mettent à disposition des fournitures et produits biodégradables.
Une norme & de nouveaux horizons
Une autorité s'assure que soient pas ces efforts ne perçus comme du simple La fédération «greenwashing». professionnelle mondiale du secteur, la CLIA (Cruise Lines International Association) «fixe tous les ans des normes de plus en plus strictes destinées aux compagnies, afin de garantir que chacune soit en conformité avec les nouveaux standards écologiques », relève David Lentz.
Mais il convenait d'aller plus loin encore. Des compagnies ont ainsi créé des fondations ou se sont associées avec des ONG dédiées à la préservation des mers, des pôles, ou de certaines espèces menacées. La compagnie du Ponant finance par exemple la recherche visant à la préservation des milieux polaires et Costa Croisières a rejoint le program-me «Whalesafe » en installant des outils de surveillance pour suivre les mouvements des baleines ou cachalots afin de réduire les risques de collisions...
De nouvelles étapes dans cette politique volontariste sont par ailleurs déjà programmées. L'intensification des recherches permettra de lancer dans les années qui viennent des bateaux de croisière à voile de capacité importante, les navires actuels propulsés par le vent ne pouvant embarquer que quelques dizaines de voyageurs. Ou le développement de l'énergie solaire à bord si des panneaux photovoltaiques sont déjà installés, la production est encore trop marginale, et cela concerne «surtout les bateaux fluviaux», relève Patrick Wetter...
Une problématique reste encore à négocier et qui constituerait une véritable révolution l'abandon pur et simple de certaines escales ou destinations où la navigation des navires et le nombre de voyageurs débarqués se révèlent synonymes de danger sur le plan écologique. Faut-il encore que toutes les compagnies se mettent d'accord... «Pour l'heure, les croisières durables ont lieu dans un cadre restreint, loin de la masse : ce sont des croisières «expéditions » qui font visiter différents coins de la terre avec un nombre limité de participants en respectant strictement la nature et la réglementation en vigueur dans les endroits visités », nuance ainsi Patrick Wetter.