Maitre d’ouvrage: Ministère de la Mobilité et des Travaux publics
Architecture: Planetplus
Génie Civil: Bureau d'études ECOS
Génie Technique: EKOplan
Implanté aujourd’hui dans un quartier entièrement urbanisé au fond de la place Guillaume, l’oeuvre de style néo-classique de l’ingénieur Louis Dagot, est marqué par son corps bâti compact et symétrique logé sur un escalier monumental et affichant une belle façade représentative couronnée par un fronton impressionnant.
Compte tenu de l’usure du bâtiment survenu au fil des années ainsi que de l’évolution des instances judiciaires, différents éléments ont conduit à l’assainissement et l’agrandissement du Palais de Justice. A côté des mises en conformités sécuritaires et d’accessibilité, c’était surtout la demande de surfaces supplémentaires et la séparation spatiale du tribunal et du parquet qui ont dicté le projet. Une demande supplémentaire était formulée avec la nécessité de séparation des surfaces accessibles au public et aux zones réservées à l’administration. Un challenge majeur résidait toutefois dans l’intégration d’une deuxième salle d’audience.
Dès le début le maître d’ouvrage, l’Administration des bâtiments publics, et le bureau d’architecture spécialisé en rénovation de bâtiments historiques, Planetplus, ont étroitement associé le Service des sites et monuments nationaux au projet. Avant toute planification, une analyse historique approfondie de la substance bâtie et des différentes finitions polychromes a été effectuée.
Une solution à la nécessité de création davantage de surfaces multiples a été recherché à travers une étude de faisabilité par un agrandissement en façade arrière et une optimisation de l’utilisation des combles. Cette solution a vite trouvé l’accord de tous les participants étant donné qu’elle a pu sauvegarder et ne pas dévaloriser les beaux espaces dans l’existant tel que le remarquable hall d’entrée.
Fini en 2018, le bâtiment revalorisé se fait surtout remarquer par une restauration sensible du patrimoine architectural ancien et des interventions contemporaines offrant un contraste affirmé mais respectueux envers l’ancien.
Le hall d´entrée avec ses colonnes doriques, son sol en dallage de pierre et l’escalier d’honneur avec son gardecorps en fonte aussi bien que les caves voûtées ont été remis en valeur d’après les règles de l’art. Il en était de même pour des menuiseries en bois, des sols en parquet et des enduits historiques.
Au premier étage, la pièce maîtresse, à savoir l’ancienne salle d’audience, a reçu un plafond neuf réinterprétant son ancienne géométrie et composé d’une structure apte à soutenir les archives et bureaux aménagés dans les combles. Le sol en bois de chêne respecte l’ancien calepinage.
Une intervention nouvelle a été réalisée avec l’addition d’un volume en façade postérieure. Il s’agit d’un corps moderne imbriqué dans un retrait de la façade historique. C’est dans cette extension qu’est aussi logée la nouvelle deuxième salle d’audience. La façade de cet agrandissement a été conçue avec un bardage métallique à volets pliables remplissant plusieurs fonctions tels que protections solaire et visuelle pour la salle d’audience et les bureaux aux étages.
L’étude approfondie des anciennes finitions en couleur des différents éléments architecturaux à l´intérieur et à l´extérieur du bâtiment a servi comme base pour les mises en peinture. En façades, la teinte retenue a été retrouvée lors des analyses historiques. Elle se rallie au grès rose des modénatures procurant ainsi une unité optique au bâtiment.
Les endroits de contact entre la substance historique et les additions contemporaines se veulent plus contrastantes. C’est ainsi que les deux langages architecturaux entrent dans un dialogue franc réunissant ancienne pierre, fonte et bois peint avec béton, fer et chêne bruts.
Texte: Planetplus architectes & urbanistes / Service des Sites et Monuments Nationaux SSMN