Il est généralement recommandé aux personnes désireuses d'investir dans « la pierre », à proprement parler, d'établir au préalable un bref comparatif des points positifs et négatifs de chaque sorte de pierre envisagée dans le cadre d'un projet de construction ou de rénovation. Sans être véritablement exhaustifs, les éléments renseignés ci-dessous pourront peut-être faire pencher la balance du bon côté pour les principaux intéressés, ou sinon, au moins les aider à se faire une meilleure idée du comment du pourquoi...
Qu'est-ce que la pierre naturelle ?
La pierre naturelle réfère à l'ensemble des roches carbonatées sédimentaires ou métamorphiques telles que le marbre, la dolomie, le calcaire, le grès, le schiste et l'ardoise. Pour ce qui est de la pierre naturelle moderne, celle-ci est extraite de la roche naturelle, avant d'être traitée et transformée. Si l'on se réfère aux principaux matériaux fréquemment utilisés pour la décoration d'une maison (en matière de pierre), la tendance privilégie souvent le granit (roche acide et dense, avec une teneur relativement élevée en quartz) et le marbre (roche métamorphique, calcaire, très compacte).
Matériau résistant, le granite est très utilisé en construction, notamment pour le dallage, la décoration et la sculpture (car très souvent taillé manuellement). S'agissant du marbre, sa fermeté et sa solidité le rendent difficile à découper, même si son lissage permet d'obtenir un poli miroir très réfléchissant La texture de la pierre naturelle lui confère un degré décoratif très élevé. Elle offre une grande valeur ornementale et procure toujours de belles sensations à ses inconditionnels.
Et quid de la pierre artificielle ?
La pierre artificielle composée de est habituellement résine de polyester insaturé (servant de liant), de marbre naturel ou de calcite, de dolomite, de sable de silice, de poudre de verre et d'autres matériaux inorganiques. A cela vient s'ajouter une quantité appropriée de couleur et de retardateur de flamme, entre autres. Elle est fabriquée en mélangeant ses ingrédients par différents procédés. Bien que la pierre artificielle soit synthétique, elle possède encore certaines caractéristiques de la pierre ordinaire. Par exemple, elle peut être ignifuge et résister à l'usure et aux chocs. C'est également l'une des différences majeures entre la pierre naturelle et la pierre artificielle.
La pierre artificielle est un nouveau type de matériau de décoration intérieure que l'on peut distinguer en deux catégories, à savoir les pierres artificielles organiques et inorganiques (suivant la nature de leurs composants). Pourtant, son succès commercial n'en souffre pas, car elle a la couleur et la texture de la pierre naturelle, et son prix est bien souvent inférieur à celui de la pierre naturelle ordinaire.
Avantages et inconvénients respectifs
La pierre naturelle bénéficie d'une grande solidité et offre une bonne résistance à l'usure et à la corrosion, une faible absorption d'eau et une belle texture. Le marbre est principalement utilisé pour la décoration intérieure (son excellente résistance aux hautes températures convient aux comptoirs de cuisine, par exemple), et le granit est principalement utilisé pour la décoration extérieure. La pierre naturelle nécessite donc un support solide pour le meuble en raison de sa densité élevée et sa dureté joue sur une élasticité moindre.
En outre, il est également compliqué de la réparer lorsqu'elle présente des fissures naturelles invisibles, celles-ci la rendant facilement cassable en cas de changement brusque de température. Au niveau de la radioactivité de la pierre naturelle prévaut une norme obligatoire (pour quantifier le rayonnement des matériaux de construction) classée en quatre catégories : A, B, C et D, la classe A correspondant aux matériaux de construction pouvant être utilisés en toute sécurité dans n'importe quelle situation.
De son côté, la pierre artificielle, par rapport à son aspect, affiche souvent une couleur brillante et uniforme; elle présente une haute finition, une bonne ténacité, et se montre résistante à la pression et à l'abrasion grâce à sa structure compacte, solide et durable. Son niveau de porosité - tout comme sa radioactivité - est relativement faible et elle ne craint pas l'érosion due aux intempéries. Par ailleurs, elle ne déteint pas. Néanmoins, en raison de la présence de résine dans les matériaux, une fois au contact direct d'éléments en surchauffe, ce type de pierre est susceptible de se déformer sous l'effet de la chaleur.
Naturel contre artificiel : la preuve par huit
- L'aspect
Du fait des matériaux qui la constituent, la pierre naturelle peut revêtir un côté transparent ou translucide, ce qui lui confère une beauté assez singulière, ainsi qu'une plus grande luminosité.
Composées au départ de poudres extraites de pierres naturelles courantes, ou encore de matériaux acryliques opaques, les pierres artificielles bénéficient d'un ajout de colle avant d'être pressées. Ceci, au détriment d'un éclat plutôt terne, très éloigné de celui du quartz.
- La dureté
Parmi les nombreux critères permettant de distinguer la structure naturelle ou artificielle des pierres, la dureté rentre principalement en ligne de compte. Sans être véritablement fidèle à la nature de chaque élément (carreau, tranche, etc.), la dureté peut cependant donner une bonne idée de l'aptitude au rayage - ou non d'une roche définie.
- La résistance à la flexion
Les résistances à la compression sont très différentes selon les types et le caractère hétérogène du matériau joue un grand rôle. Cette norme réfère au choix d'un type de pierre naturelle à faire en fonction de sa résistance, et ce, dans des circonstances de contraintes de pression spécifiques subies suivant un coefficient de sécurité préétabli.
Par exemple, certaines roches métamorphiques présentent un groupement et une orientation de minéraux en bandes ou en lignes parallèles. C'est ce que l'on appelle la foliation. Les couches ont des compositions minéralogiques différentes, et en fonction des pressions parallèles ou perpendiculaires qu'elles subissent, on obtient des niveaux de résistance distincts. La résistance à la flexion désigne les charges maximales que le matériau peut supporter. En comparaison avec la résistance à la compression, la résistance à la flexion reste toujours nettement inférieure (environ 1/10 pour le granit et la pierre calcaire, jusqu'à 1/15 pour le grès, à titre indicatif).
Or, la connaissance de ces degrés de résistance peut s'avérer très utile lorsque l'on souhaite poser de la pierre naturelle (par exemple, pour des escaliers à ciel ouvert, ou encore des parties disposées en surplomb). C'est également une caractéristique à prendre en compte en cas de risque élevé de fissuration sous l'effet du retrait et/ou de contraintes thermiques.
- La résistance au gel
La norme européenne NBN EN 12371 aide à calculer l'élasticité des matériaux dans le cadre de leur résistance au gel, mais sans grande garantie par rapport à l'évolution cyclique de la pierre, une fois celle-ci disposée ou encastrée. En effet, les applications respectives possèdent différentes contraintes au gel, à savoir que les carreaux pour terrasses reposent souvent directement sur un sous-sol gelé à la saison froide, tandis qu'un revêtement de façade, par exemple, est moins exposé.
- La perméabilité
La perméabilité de la pierre naturelle est plus importante que celle de la pierre artificielle. Par exemple, une fois qu'un liquide coloré tombe sur la surface d'une pierre naturelle, la couleur y pénètre très vite, rendant les traces très prégnantes et difficiles à enlever. Cependant, dans le cas d'une pierre artificielle, la pénétration de la couleur s'effectue plus lentement, et, si celle-ci est nettoyée à temps, les traces pourront ainsi être évitées. Par ailleurs, la porosité des pierres se révèle être un élément déterminant afin de déterminer si un type peut être poli ou non.
- Le toucher
Un autre moyen beaucoup plus simple permettant de distinguer une pierre naturelle d'une pierre artificielle consiste à les toucher simplement avec sa main pour mieux différencier les surfaces grâce aux sensations qu'elles procurent. Le matériau de la pierre naturelle offre généralement l'impression de froid. S'agissant des pierres artificielles, celles-ci sont plus chaudes et douces, un peu à la manière des matières plastiques.
- Le glissement
Il existe une norme européenne (NBN EN 14231) qui détermine les conditions dans lesquelles un carreau permet de parer au risque de glissement. Or, la résistance au glissement d'un carreau a des répercussions sur le confort et la sécurité des personnes marchant dessus (sans oublier la propreté et la physionomie du sol). Il va de soi que le temps va ensuite influencer l'usure, notamment à cause de l'encrassement ou du nettoyage réalisé au moyen de produits d'entretien. La mesure de résistance au glissement est traditionnellement établie grâce à la finition de surface d'un carreau. En principe, lorsque des utilisations exigent des consignes de sécurité drastiques en matière de glissement, il est de rigueur de choisir une surface plutôt rugueuse.
- L'usure
Après observation des dégâts potentiels provoqués par les allées et venues des individus sur le matériau (afin de mieux analyser le phénomène de frottement), il est possible de se faire une idée claire de l'application d'une pierre plutôt qu'une autre, sachant que l'on a majoritairement affaire à des usures en surface ou en profondeur.
La première concerne l'altération de l'éclat d'une surface polie. Pour les sols à trafic intense et dont la surface comporte des particules susceptibles de faire des rayures, il n'y a pas de miracle, car, quelle que soit la dureté du matériau, le brillant finira par ternir. Pour l'usure en profondeur, on se fie désormais à la norme européenne NBN En 14157 (basée sur l'épreuve de Capon), même si la norme précédente (NBN B27-003) basée sur l'épreuve d'Amsler semble toujours prévaloir, encore de nos jours.
Tendances et prix ?
Que l'on parle de pierre naturelle ou de pierre artificielle, le niveau de prix dépend de nombreux facteurs, parmi lesquels l'approvisionnement en matériaux de pierre, la difficulté d'extraction, la distance et la durée du transport, le coût des traitements, de la main-d'oeuvre, de commercialisation, etc.
De nos jours, l'exploitation de la pierre naturelle affiche une progression galopante, si bien que celle-ci finit par se raréfier. En parallèle, la pierre artificielle jouit également d'un certain succès, car de plus en plus prisée pour la décoration paysagère. Les deux fausses jumelles se distinguent donc très souvent par l'utilisation que l'on en fait, dépendant elles-mêmes de leurs propriétés respectives. Quel que soit le type de matériau, chacun a ses propres avantages et inconvénients (et font parfois preuve de complémentarité). Reste à opter pour l'élément le plus à même de convenir aux divers domaines d'application suivant les envies et les besoins - comparativement aux prix - de chacun et chacune.
Texte: Dominique Coutant