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Viens chez moi, j’habite… avec une copine

Le coliving en question

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Voici un secteur sur lequel nous ne nous étions jamais véritablement penchés. A tort… Le milieu de la colocation autrement nommé coliving et qui regroupe de multiples formules (que cela soit pour louer, acheter, y vivre ou investir), est-il en passe de s’inscrire durablement dans nos modes de vie ou est-ce un système temporaire relié à un contexte global particulier ? Entre contraintes, bonne volonté et opportunisme, le sujet est dense et complexe.

«La règlementation & les prérequis peuvent varier d’une commune à l’autre & les contraintes parfois paraître tirées par les cheveux.»

Mais ça, c’était avant

Habiter à plusieurs sans être de la même famille. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la montée de cette tendance. La pandémie, l’instabilité géopolitique et leurs nombreux corollaires, ont fini par instaurer un basculement dans nos modes de vie. Nos habitudes ont drastiquement évolué et il est à noter une envie de vivre ensemble ou hélas aussi, une certaine forme de précarité notamment chez les jeunes ou les célibataires. Ainsi donc, il y a 15 ans, l’idée même de louer sa maison en colocation faisait grincer des dents. Trop peu sécurisant pour les propriétaires, l’idée pouvait même paraître totalement saugrenue à certains.

Mais ça, c’était avant. Antoinette témoigne : « Il y a deux décennies, j’ai dû quitter Luxembourg pour quelques années. L’agent immobilier mandaté pour trouver rapidement des locataires pour mon bien, m’avait demandé mon accord pour louer à plusieurs jeunes en même temps. Inutile de vous dire que la réponse de l’époque fut un non catégorique (rires). L’idée de cette jeunesse affalée sur des canapés, canettes de bière à portée de mains et maison en désordre, me faisait peur ! »

Tendance à la hausse

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« Depuis, j’ai grandement revue ma position. Si je souhaite aujourd’hui louer ma maison au prix qui me convient et en phase avec celui du marché, force est de constater que peu de gens peuvent se le permettre. La colocation permet alors de louer plus rapidement et, pour les locataires, d’évoluer dans une habitation plus grande… pour le budget d’un studio. Pour moi, propriétaire, des garanties sont prévues et mises en place. » Notons qu’à l’achat, une maison pouvant par la suite être louée à cinq ou six locataires individuels pourra valoir, sur le marché immobilier, plus du double qu’une maison classique…

Genèse

Il semblerait que cette notion actuelle de coliving se soit ancrée à New York à la suite de la tempête Sandy du 31 octobre 2012 mettant hors service les réseaux d’électricité et les sous-sols de Manhattan. À la suite de ce sinistre, Adam Neumann et Miguel McKelvey, fondateurs du coworking WeWork, ont trouvé une opportunité de faire de bonnes affaires grâce à leur concept de coliving. Dès lors, petit à petit et partout en Europe, l’idée s’est développée et les agents immobiliers se sont mis à gérer ce type de locations. « Au Luxembourg, il y a énormément de demandes. Je suis personnellement très malheureuse de ne pouvoir toutes les honorer, précise Anne-Elisabeth Loyer, CEO de Kalmas. Je connais nombre de jeunes obligés de refuser des stages ou sessions professionnelles courtes, faute d’hébergement. »

Commune & colocation

Au Grand-Duché, une commune peut-elle s’opposer à la colocation ? Il semble que non. Les colocations et les chambres d’étudiants font partie intégrante d’une ville universitaire et sont donc explicitement prévues dans le PAG. Ainsi donc, si les locataires possèdent un contrat de location commun, signé par tous, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Cependant, la règlementation et les prérequis peuvent varier d’une commune à l’autre et les contraintes peuvent parfois paraître tirées par les cheveux… « Savez-vous, par exemple, qu’il faut à l’extérieur de votre habitation, une dalle de béton sur laquelle les pompiers pourront apposer leur échelle en cas d’intervention ? », souligne la jeune quinqua, mi-figue mi-raisin. Chaque commune a ses critères mais force est de constater qu’ils sont de plus en plus stricts, ce qui n’aide pas à optimiser la demande. « Je m’interroge même sur tant de contraintes. Quand il s’agit d’une composition de famille type (structure unifamiliale), il n’y a pas tant de critères stricts, donc pourquoi est-ce différent dans ce cas précis ? »

Marchands de sommeil au Luxembourg aussi

Alors que quelques investisseurs privés, agences et autres sociétés spécialisées, offrent des hébergements de qualité ou, à tout le moins, d’un confort tout à fait honnête, certains petits malins, attirés par l’appât du gain, se sont engouffrés dans la brèche du mal-logement. Le constat est désolant. Anne-Elisabeth Loyer soupire : « En 2014, j’ai débuté dans l’offre de colocations. Je peux témoigner avoir tout vu. Au début je n’avais que des demandes émanant de stagiaires. Maintenant, les premiers emplois souhaitent également opter pour ce type d’offres. Certains tentent d’en profiter. Si vous cherchez à louer, mes conseils seraient les suivants : demandez une visite par visio. Une clé et un contrat reçus par la poste ne sont pas des garanties de sécurité, les arnaqueurs fourbissent des tactiques parfois très élaborées. De même, un bien au Luxembourg, un compte bancaire au Luxembourg ! Certaines annonces peuvent sembler attrayantes avant que l’on ne se rende compte qu’il faut ensuite louer son oreiller, sa couette… Enfin, enregistrez une chose : le beau pas cher n’existe pas ! Je m’insurge néanmoins contre les prix exorbitants, ceux-ci pouvant doubler entre la première et la deuxième location, du fait de loueurs peu scrupuleux. La loi de l’offre et la demande devrait être plus raisonnée et raisonnable.»

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Les solutions pour plus de bien-être

La dynamique quinqua ne se fait pas prier pour donner son avis sur les solutions inhérentes à la problématique globale : « Il faut fermer les taudis et peut-être arrêter les zones d’habitation 1 et 2. En parallèle, les normes de sécurité me semblent parfois trop strictes. Mais il n’y a pas que l’aspect financier ; les jeunes ont du mal à se rencontrer alors qu’ils ont besoin de convivialité. Ils préfèrent finalement bien souvent vivre à plusieurs. Faire du home office en colocation fait moins peur que de se retrouver seul face à son ordinateur. Si vous songez à vous lancer dans l’aventure : respectez les locataires, entretenez les biens en bon père de famille, communiquez régulièrement pour valider ce qui va ou au contraire, ne fonctionne pas correctement. Le respect va dans les deux sens. Je rajouterais que faire de l’immobilier, c’est aussi faire du social. Je suis parfois obligée d’aider, de soutenir, mais cela est gratifiant, tout ce petit monde est finalement un peu comme une famille. »

Partager, louer, sous-louer, modus operandi

Propriétaire, il convient en premier lieu de clarifier sous quel régime vous voulez louer et quelle sorte de contrat de bail vous projetez d’offrir. S’agit-il d’une véritable colocation avec un contrat de location commun ? D’une sous-location ? De chambres ou d’espaces individuels loués avec des contrats de location séparés ? De chambres mises à disposition gratuitement ?

Ensuite, la loi exige un plan décrivant combien de personnes vont vivre dans un domicile et où précisément, afin de pouvoir contrôler que les conditions prescrites par les lois et règlements sont bien remplies. Le dossier est vérifié par l’administration (Police des Bâtisses) pour approbation.

Toutefois, si des autorisations ou travaux de mise à conformité sont nécessaires, le demandeur en sera informé. Une fois les travaux terminés, la Police des Bâtisses effectuera une inspection.

Il est important que toutes ces démarches soient effectuées avant la location. Sinon – et jusqu’à ce que tout soit conforme ou approuvé –, le locataire sera inscrit au Registre d’attente.

Tout un art… de vivre

Fondée en 2015, la société Vauban & Fort s’est fait une spécialité de faciliter la vie en communauté. Jerome R. Ensch, co-founder et CFO, insiste sur cet état de fait : « Notre offre ? Louer un logement clé en main, où tous les frais sont inclus (électricité, assurance, nettoyage, accès à internet…), dans des logements judicieusement localisés dans la capitale. Mais notre véritable valeur ajoutée, c’est la volonté de créer de petites communautés dans chacun de nos logements, avec un ADN propre, en sélectionnant avec soin les colivers selon leurs hobbies et donc affinités potentielles. À force, nous avons développé notre expertise pour cerner les candidats (sourires). Cela permet la création de groupes homogènes, partageant des modes de vie, intérêts, niveaux d’études. Les conditions sont donc réunies pour une qualité de vie optimale, et pour les propriétaires, nous offrons une gestion locative sans frais grâce à laquelle leur bien est complètement pris en charge par nos soins.

Quid de l’habitat participatif

Une autre forme d’habitat fait son apparition. Fabienne Decembry, chargée de communication chez Codur, est bien placée pour nous entretenir de la notion d’habitat participatif : « Nous avons différents types de projets, pour actifs et pensionnés mais, à Kehlen, par exemple, nous avons imaginé des résidences à taille humaine. Chacun reste chez soi mais il y a des espaces communs dédiés ; jardin mais aussi pavillon – lieu d’échange pour pratiquer notamment le home office. Parfois ce sont les résidents eux-mêmes qui définissent ce qu’ils veulent faire de l’espace commun. L’habitat participatif est une formule un peu plus ouverte au monde et à la communication. On offre la possibilité de vivre ensemble mais ce n’est surtout pas imposé. Un règlement définit tout cela dès le départ de l’aventure. Ce type d’habitation n’est pas moins onéreuse mais pas plus non plus qu’une formule dans l’immobilier dit classique. Mais la philosophie, la démarche recèlent peut-être un petit supplément d’âme : ces logements ont tous été imaginés de manière écologique, centrés sur la volonté d’économies à long terme. Cela questionne le genre de consommateur/acteur que l’on a envie d’être et notre rapport à l’environnement. Le Covid a mis en évidence l’importance des relations sociales, le besoin d’échanger, il y a fort à parier que ces nouvelles façons de vivre – et vivre ensemble –, perdurent et s’installent. » Alix Bellac