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L'ange des soins palliatifs

Drôles ou émouvantes, les histoires BD de Xavier parlent avec poésie et délicatesse d'un sujet jamais encore abordé de la sorte

«Je transcende ce que je vis, expérimente, perçois, en dessinant.» Photo: Bruno Levy

Il écoute Queen et Nirvana, son corps est orné de tatouages jusque sur ses phalanges et pourtant ce qui frappe, c'est la douceur de sa voix. «L'homme étoilé» est celui que l’on aimerait avoir à notre chevet ou à celui de ceux que l’on aime. C'est au Luxemburger Wort qu'il accorde sa première interview luxembourgeoise.Depuis une dizaine d'années maintenant, Xavier prend soin et honore ceux qui croisent son chemin professionnel. Pour un bout de convalescence ou jusqu’au dernier souffle.A l'écouter et le lire, on se rend compte que là où l’on pense peine et douleur, une force intense et lumineuse surgit, faite de douceur, patience et empathie.Xavier, comment a démarré votre histoire avec les soins palliatifs?J’ai dû forcer les choses (rires). On me trouvait trop jeune, pas assez expérimenté, ritournelle habituelle... Je raconte la scène dans mon livre «Je serai là». J’ai dû faire montre de beaucoup de persuasion (sourires). Mais j’y ai jeté toute mon énergie car, à partir du moment où j’ai travaillé en unité de soins palliatifs, j’ai eu la certitude que c’était dans ce type de service que je voulais exercer.Avec cette profession un peu hors du commun qui est la vôtre, à quel genre de questions êtes-vous le plus souvent confronté?Il faut distinguer le milieu professionnel, les gens que j’accompagne et mon entourage. Je suis passionné par ce que je fais et j’aurais beaucoup aimé m’en ouvrir dans mon cercle familial. Or, quand j’allais déjeuner dans ma famille, il n’y avait… aucune question, plutôt un silence de plomb autour de mon métier. La mort reste un sujet difficile à aborder. Et pourtant, quelle richesse, que de trésors de vie puisque l’on y est dans son essence la plus intense!Professionnellement, on me pose souvent la question de savoir si côtoyer la mort (erreur de formulation, du reste) ne pèse pas trop sur mon moral ou si cela a modifié mon regard sur l’issue finale. Or, la problématique est toute autre: il faut tout de même savoir que toutes les personnes qui séjournent en unités de soins palliatifs ne meurent pas. Et que l’on ne côtoie pas la mort mais bel et bien la vie! On y crée des moments de qualité, on équilibre les traitements, on écoute, on réconforte. Et parfois, oui, on accompagne. C’est ici que la citation du Professeur Bernard prend tout son sens: «Quand on ne peut pas rajouter des jours à la vie, on peut rajouter de la vie aux jours». Et cela, je tente de le faire au mieux pour mes patients.

Parlez-nous de la genèse de vos livres.

Les facteurs sont multiples. J’ai une prédilection pour le dessin. Mais ce que j’aime avant tout, comme je le raconte dans un de mes livres, c’est cette sensation d’être fondamentalement à ma place dans ce métier que j’ai choisi en pleine conscience. Les moments d’accompagnement que je vis sont tous forts et, très vite, j’ai eu envie de les fixer sur le papier pour les perpétuer quelque part et les partager ensuite. C’est intense, c’est un hommage à tous ceux qui m’ont fait confiance.

L’autre ressort de tout cela est indubitablement mon lien à mes aïeux: mon arrière-grand-mère, ma grand-mère, mon grandpère. Avec lui, la complicité est arrivée très tard mais elle est tout de même advenue, fort heureusement, pour combler un peu mes regrets d’une connivence arrivée sur le tard.

Complicité, tendresse, empathie… rendre les instants, tous les instants, précieux! Mes deux livres (je pense avoir fait le tour et m’arrêter là) ne parlent que de cela à travers des rencontres fortes. Et pleines d’une intensité de vie qui, parait-il, fait du bien et aide mes lecteurs.

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Dites-nous en plus sur la sortie de ce second livre.

Ahlala, on a du mal à organiser des séances de dédicaces eu égard à la crise sanitaire mais il reste bien accueilli et semble répondre à une vraie demande: celle d’envisager les choses d’une manière différente, plus apaisée. Personnellement, je suis dans une optique quasi forcenée de valorisation de la vie. Alors j’accompagne, c’est mon métier, mais je transcende également ce que je vis, expérimente, perçois, en racontant mes histoires, en les dessinant, en les fixant sur le papier. C’est un besoin que j’ai la chance de pouvoir faire partager.

Justement, quel souvenir pourriez-vous partager avec nous aujourd’hui?

Un souvenir poignant et puissant: il s’agit de l’accompagnement de mon grand-père. Je reçois des messages d’étudiants infirmiers qui ont tendance à me mettre sur un piédestal. Or nous sommes tous faillibles. Et avec mon grandpère, je n’ai pas assuré. Je n’ai pas su capter ses besoins, respecter son rythme. Frustré par ses non réponses, je me suis rebellé. Et puis… on a réussi à se parler l’avant-veille de son décès et à se dire qu’on s’aimait. In extremis...

Une venue au Luxembourg pour rencontrer vos lecteurs et échanger autour de vos livres est-elle prévue?

C’était prévu avant l’arrivée de la Covid! Nous avions presque finalisé une conférence-échanges et également une journée dédicaces dans une librairie. Tout a été mis en pause mais dès que cela sera possible, je viendrai avec plaisir, d’autant plus que je vis et exerce tout près, en région messine. En attendant, on peut d’ores et déjà me suivre sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram) où je partage quelquesunes de mes aventures ainsi que mon actualité.

À la vie !
2020, éditions Calmann Levy

Je serai là ! (Comment je suis devenu l'homme étoilé), 2021, éditions Calmann Levy

L'homme vous a séduit? Retrouvez une autre interview de «l'homme étoilé» dans les pages d'Imail News, dès mardi 9 mars et pour une semaine. Alix Bellac